Ultime fractale
De l’arbre gelé
La mésange huppée

Jura, mars 2013

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Mon regard s’ouvre ce matin-là sous un grand pin et un if, les deux magnifiquement ornés de givre. Le sol est couvert de neige. La lune, quelque part derrière le brouillard, illumine ce voile glacé. J’ai faim. Toutes les nuances blanches du silence. Pas de vent. Aucune ombre.

Quand le jour se lève, cette clarté devient juste plus intense et quelques grives chantent, accompagnées des appels d’un faucon pèlerin. Le souffle d’une de ses attaques, suivi de l’affolement des passereaux.

J’écoute ces histoires sonores qui sont des taches de couleur sur la toile vierge de cette matinée.

Mais de la nuit aucun cri, et surtout pas du lynx. J’étais pourtant monté là-haut pour une énième tentative de voir le grand félin, mais n’ai pas croisé une seule de ses empreintes dans la fine couche de poudreuse.

C’est donc sans attente que je me mets en marche, équipé simplement de mes jumelles et de ma doudoune. La brume est tellement dense que les chamois ne révèlent leur présence que par une fuite sonore dans la neige ou leur sifflement d’alarme. Je vois leurs traces fraiches, mais aucun animal. C’est peut-être bon signe : s’ils sont agités, c’est que rode un prédateur. Enfin, j’espère.

Sous un buisson fragile, une mésange huppée, élégante et touchante. Des bourgeons ciselés de glace. Quel bel hiver.

Je monte encore, lentement, attentif.

En traversant un champ enneigé dans l’espoir de croiser une piste, mon regard est soudain attiré par une forme claire sur une tache d’herbes sèches. Une bête ? Je lève mes jumelles…

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Cette note dont la suite arrivera bientôt est déjà l’écho de ces premiers indices.